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Publié par dominicanus

Sequeira subdivise les gestes qui constituent la base du langage liturgique en gestes d'expression et gestes d'action. Alors que les premiers (p. ex. être debout, marcher, s'agenouiller, être assis, bénir, se signer etc.) "forment un énoncé autonome, sans qu'ils nécessitent d'autres moyens d'expression que l'action et/ou le mouvement du corps en question", les gestes d'action sont "relatifs à des personnes ou à des objets" et font appel à des "moyens d'expression supplémentaires, tels que des outils et des éléments." Ils naissent "là où le milieu et l'environnement du ou des célébrants sont constitutifs de son ou de leur langage gestuel". Les gestes d'action sont moins autonomes, mais "davantage liés au contexte de l'expression verbale et sonore, ainsi qu'à d'autres éléments relevant du mouvement et de ses possiblités d'expression". Comme exemples significatifs de gestes d'action, il y a les actions symboliques sacramentelles.

Souvent, ce sont des notions évoquant le mouvement qui représentent le rapport entre Dieu et l'homme : catabase, anabase, entrer en relation resp. communion. Cette réalité spirituelle s'incarne dans le mouvement du corps, dans le mouvement orienté vers un but, de la marche comme expression indiquant l' "entrée" dans la relation de vie avec Dieu. Chaque marche liturgique est un symbole réel de la marche vers Dieu, de l'entrée en relation avec lui, telle qu'elle s'exprime dans les processions et les pèlerinages dans toutes les religions. Bouyer plaide en faveur de l'intégration de la communauté dans la marche en tant que prière et célébration corporelle, vu que ses propositions pour l'espace liturgique impliquent que tous les participants se déplacent d'un endroit liturgique dans l'église à l'autre.

La danse est sans aucun doute une action d'expression corporelle tout à fait éminente ; c'est pourquoi elle est si souvent mentionnée, quand il s'agit de chercher des formes liturgiques nouvelles. Toutefois, elle ne joue pas de rôle important dans l'histoire de la liturgie ; de plus, son appréciation est ambigüe. D'autre part, déjà les Pères maudissaient la danse (qui jouait un rôle dans les cultes païens et auprès des groupes hérétiques) comme étant une supercherie du diable ; mais d'autre part, ils parlent de la danse du choeur des bienheureux. Leur rejet de la danse "corporelle" s'est perpétué à travers les siècles, bien que des formes rudimentaires de danse liturgique aient pu se maintenir, même si c'était au prix d'oppositions.

Aujourd'hui, la danse, en tant que "vestige fossile de la danse vivante dans les cultures d'autrefois", sert presque uniquement au divertissement. C'est pourquoi à l'intérieur d'une culture "pauvre en danse", l'introduction de la danse liturgique soulève des problèmes lourds de conséquence : "D'abord, on dépendrait de danseurs et danseuses professionnel(le)s, qui, dans le culte divin, montreraient les danses aux autres. Mais ce serait ouvrir la porte au danger de voir le culte divin dégénérer en 'spectacle perfectionniste de ballet'. Ce qui voudrait dire en même temps que le but de la revitalisation de la danse liturgique aurait été manqué ; étant entendu que tous ces efforts ne visent, en fin de compte, qu'à faire en sorte que la communauté tout enitère puisse prendre part à l'événement cultuel d'une incarnation dansée de la foi et de la vie chrétienne." (Koch) Or, c'est précisément la danse qui ne permet pas que les participants, si possible tous, y participent. C'est précisément au niveau de la danse que la plupart restent spectateurs - du moins selon les critères de la culture occidentale de la danse -. Reste aussi le problème de ce que Baumgartner appelle, de manière critique, l' "efficience" (efficiency) d'exercices corporels, et que l'on ne peut sans doute jamais éviter complètement dans le cas d'un groupe qui montrerait les danses et danserait à la place des autres. Il n'empêche que la danse, comme moyen d'expression priviligégié de l'homme, doit trouver sa place aussi dans la liturgie ; même si la façon dont ceci pourra se traduire dans la pratique liturgique est encore largement problématique.

Michael Kunzler, La liturgie de l'Église, Éd. Saint-Paul 1997, p. 163-164


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