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Publié par dominicanus

Saint Séraphim de Sarov, Le but de la vie chrétienne (2/6)
Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt. 25, 1-13) quand ces dernières manquèrent d'huile, il leur fut dit : "Allez en acheter au marché." Mais en revenant, elles trouvèrent la porte de la chambre nuptiale close et ne purent entrer. Certains estiment que le manque d'huile chez les vierges folles symbolise l'insuffisance d'actions vertueuses faites dans le courant de leur vie. Une telle interprétation n'est pas entièrement juste. Quel manque d'actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu'elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu, un état quasi-angélique, pouvant remplacer toutes les autres vertus. Moi, misérable, je pense qu'il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu. Tout en pratiquant des vertus, ces vierges, spirituellement ignorantes, croyaient que la vie chrétienne consistait en ces pratiques. Nous avons agi d'une façon vertueuse, nous avons fait oeuvre pie, pensaient-elles, sans se soucier si, oui ou non, elles avaient reçu la grâce du Saint-Esprit. De ce genre de vie, basé uniquement sur la pratique des vertus morales, sans un examen minutieux pour savoir si elles nous apportent - et en quelle quantité - la grâce de l'Esprit de Dieu, il a été dit dans les livres patristiques : "Certaines voies qui paraissent bonnes au début conduisent à l'abîme infernal" (Pr 14, 12).
 

En parlant de ces vierges, Antoine le Grand dit dans ses Épîtres aux Moines :

"Beaucoup de moines et de vierges ignorent complètement la différence qui existe entre les trois volontés agissant à l'intérieur de l'homme. La première est la volonté de Dieu, parfaite et salvatrice ; la deuxième - notre volonté propre, humaine, qui, en soi, n'est ni néfaste ni salvatrice ; tandis que la troisième - diabolique - est tout à fait néfaste. C'est cette troisième volonté ennemie qui oblige l'homme soit à ne pas pratiquer la vertu du tout, soit à la pratiquer par vanité, ou uniquement pour le 'bien', et non pour le Christ. La deuxième, notre volonté propre, nous incite à satisfaire nos mauvais instincts ou, comme celle de l'ennemi, nous apprend à faire le 'bien' au nom du bien, sans se soucier de la grâce qu'on peut acquérir. Quant à la troisième volonté, celle de Dieu, salvatrice, elle consiste à nous apprendre à faire le bien uniquement dans le but d'acquérir le Saint-Esprit, trésor éternel, inépuisable, que rien au monde n'est digne d'égaler."


C'est justement la grâce du Saint-Esprit symbolisée par l'huile, qui faisait défaut aux vierges folles. Elles sont appelées "folles" parce qu'elles ne se souciaient pas du fruit indispensable de la vertu qui est la grâce de l'Esprit-Saint sans laquelle personne ne peut être sauvé, car "toute âme est vivifiée par le Saint-Esprit afin d'être illuminée par le mystère sacré de l'Unité Trinitaire" (Antienne avant l'Évangile des matines). Le Saint-Esprit lui-même vient habiter nos âmes, et cette résidence en nous du Tout-Puissant, la coexistence en nous de son Unité Trinitaire avec notre esprit ne nous est donnée qu'à condition de travailler par tous les moyens en notre pouvoir à l'obtention de cet Esprit-Saint qui prépare en nous un lieu digne de cette rencontre, selon la parole immuable de Dieu : "Je viendrai et j'habiterai en eux, et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple" (Ap 3, 20 ; Jn 14, 23). C'est cela, l'huile que les vierges sages avaient dans leurs lampes, huile capable de brûler longtemps, haut et clair, permettant d'attendre l'arrivée, à minuit, de l'Époux et d'entrer, avec lui, dans la chambre nuptiale de la joie éternelle.
 

Quant aux vierges folles, voyant que leurs lampes risquaient de s'éteindre, elles allèrent au marché, mais n'eurent pas le temps de revenir avant la fermeture de la porte. Le marché - c'est notre vie. La porte de la chambre nuptiale, fermée et interdisant l'accès à l'Époux - c'est notre mort humaine ; les vierges - sages et folles - sont des âmes chrétiennes. L'huile ne symbolise pas nos actions, mais la grâce par l'entremise de laquelle le Saint-Esprit emplit notre être, transformant ceci en cela : le corruptible en l'incorruptible, la mort psychique en vie spirituelle, les ténèbres en lumière, l'étable où sont enchaînées, comme des bêtes, nos passions, en temple de Dieu, en chambre nuptiale où nous rencontrons Notre Seigneur, Créateur et Sauveur, Époux de nos âmes. Grande est la compassion que Dieu a pour notre malheur, c'est-à-dire pour notre négligence envers sa sollicitude. Il dit : "Je suis à la porte et je frappe..." (Ap 3, 20), entendant par "porte" le courant de notre vie pas encore arrêté par la mort.
 

(à suivre)
 
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