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Publié par dominicanus

Deuxième partie, (Sermon du soir) - [La méthode des faux prophètes]

Évitez les faux prophètes, etc.

            On a parlé aujourd’hui des ennemis du peuple chrétien, c’est-à-dire des faux prophètes. Il faut maintenant voir comment ils nous tendent des embûches. L’Apôtre dévoile aux Corinthiens leurs embûches, et de même, le Seigneur, dans l’évangile, quand il dit : Défiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous l’apparence de brebis, etc. Par cela, on entend l’hypocrisie, parce que le repaire des faux prophètes est l’hypocrisie. Ainsi (parle) l’Apôtre à Timothée ( I. 4, 1) : L’Esprit dit clairement : "Dans les derniers temps viendront des trompeurs qui s’écarteront de la foi, s’attacheront à des esprits d'erreur et aux doctrines des démons qui propagent le mensonge par hypocrisie."

            Si l’on se réfère à leur vie et à leurs mœurs, ils paraîtront honnêtes, eux qui mènent une vie austère et s’abstiennent de relations conjugales et de mets délicats, mais qui prêtent attention aux esprits trompeurs et aux doctrines démoniaques. Faites attention à ce qu’il dit : Ceux qui viennent à vous sous l’apparence de brebis (Matthieu 7, 15); les brebis sont les fidèles du Christ qui obéissent au Christ. Ainsi en Jean (10, 27) : Mes brebis écoutent ma voix. Les vêtements des brebis sont les imitations du Christ. L’Apôtre dit  (Éphésiens 4, 23) : Renouvelez-vous par une transformation spirituelle de votre intelligence et revêtez l’homme nouveau, qui a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité. Deux choses sont abordées ici : à savoir que la justice semble concerner le prochain extérieurement et la sainteté de la vérité la disposition intérieure de l’âme. Ainsi en Proverbes (31, 21) : Toute sa maisonnée porte double vêtement, à savoir, les vertus intérieures de l’âme et les bonnes actions extérieures.

Il est vrai que si les faux prophètes portaient l’un et l’autre vêtement, ils seraient des brebis du Christ. L’homme a accès aux hommes par l’apparence extérieure, et par le fait qu’il dit : Ils viennent à vous sous l’apparence de brebis, on comprend qu’ils entreprennent les œuvres extérieures par lesquelles ils viennent à vous, car c'est par les œuvres intérieures que l'on a accès au Seigneur.

            Il faut noter que le vêtement des brebis du Christ a quatre éléments  : l’adoration, la justice, la pénitence et l’innocence.

Par le vêtement de l’adoration, on entend le vêtement du culte divin que portent les brebis du Christ quand elles se consacrent au culte divin. Ce vêtement, les brebis du Christ le reçoivent au baptême. Ainsi, l’Apôtre écrit aux Galates (3, 27) : Vous tous qui êtes baptisés dans le Christ, vous revêtez le Christ. Ce vêtement, les brebis du Christ l’endossent quand elles se consacrent à la prière. Ainsi, dans le Siracide (50, 12) : En montant à l’autel de l'encens, il rendit  gloire à Dieu. Ce vêtement, les hypocrites se l’approprient pour deux motifs, à savoir, pour la vaine gloire et pour s’enrichir. Pour la vaine gloire, ils se l’approprient en priant publiquement et ostensiblement. Ainsi, en Matthieu (6, 5) : Ceux-là aiment prier dans les synagogues et dans les coins des places publiques afin d’être vus par les hommes ; dans les synagogues, c’est-à-dire publiquement. Mais est-ce que cela est mal alors qu’il est écrit : Bénissez le Seigneur, tous ses anges ? Chrysostome dit que cela ne parle pas tant d’un lieu que de l’esprit. Il prie dans le secret celui qui tient son esprit tourné, non pas vers les hommes, mais vers Dieu. S’il priait seul dans sa chambre et voulait être vu par les hommes, il prierait publiquement. Qu’est-ce donc qui est défendu ? Que les hommes ne mettent pas leurs soins à ce que d’autres les voient prier : ceci doit être évité par les chrétiens. Aussi Chrysostome écrit-il : "Que celui qui prie ne fasse rien de particulier pour être vu par les hommes en criant, en se frappant la poitrine, ou en élevant les mains". Si tu pries comme les autres dans une assemblée, tu pries en secret; mais rechercher de nouveaux gestes et de nouvelles manières (de prier) appartient à ce qu’il appelle prier dans les synagogues. Dans la prière, l’homme doit être pareil aux autres, ne pas rechercher d’autres manières, comme les hypocrites qui prient en public par vaine gloire. De même, ils prient publiquement pour en tirer bénéfice. Ainsi, dans l'Évangile (Matthieu 23, 14) : Malheur à vous, scribes et pharisiens, qui dévorez la maison des veuves, en faisant de longues prières ! C’est-à-dire, qui prient pour en retirer un bénéfice. Certains cherchent à tirer un bénéfice honteux de pauvres femmes, font de longues prières pour les rendre dévotes et reçoivent d’elles des cadeaux. Mais est-ce que cela est mal de prier longuement ? Augustin répond en disant : "Que l’abondance de paroles soit absente de la prière, mais que l’abondance de prière ne fasse pas défaut, pourvu que la ferveur de son intensité perdure. Car on accomplit une telle action davantage par des larmes que par des discours."

            Il existe un autre vêtement pour les brebis du Christ : la justice et la miséricorde, dont il est dit dans Job (29, 14‑16) : Revêtu de justice comme d’un vêtement, j’ai été l’œil pour l’aveugle, le pied pour le boiteux, le père des pauvres. Les hypocrites revêtent toujours ce vêtement. Ainsi dans l'Évangile (Matthieu (6, 1‑2) : Gardez-vous d’afficher votre justice devant les hommes pour vous faire remarquer par eux; et quand tu fais l’aumône, ne va pas le claironner comme font les hypocrites. Chrysostome dit que "claironner, c’est agir ou parler en le faisant avec ostentation ; par exemple, tu fais l’aumône, mais tu ne la ferais pas s’il ne s’agissait d’une personne plus honorable qui peut te récompenser : voilà ce qu’est claironner ! De la même façon, tu veux faire l’aumône en secret pour être considéré de manière élogieuse : c’est  claironner !"

                Le troisième vêtement des brebis du Christ, c’est la pénitence : J’ai fait du cilice mon vêtement (Psaume 69[68], 12). Les hypocrites utilisent ce vêtement, en faisant semblant et de mener une vie austère. Ainsi dans l'Évangile  (Matthieu 6, 16) : Lorsque vous jeûnez, ne vous montrez pas  tristes à la façon des hypocrites. Ils prennent une mine défaite pour ressembler à des hommes qui jeûnent. Ils recherchent cela et le font pour paraître jeûner devant les hommes. Augustin (écrit) : "En cette matière il faut observer que l’ostentation peut parfois résider, non seulement dans l'éclat des choses corporelles, mais peut aussi se retrouver dans les saletés de la boue, et elle est d’autant plus insidieuse qu’elle trompe, sous le nom de service du Seigneur." Le Philosophe dit que "si l’homme utilise un vêtement plus vil que ne l’exige sa condition, cela peut se rapporter à l’ostentation". Ces comportements extérieurs sont comme des insignes. Dans une armée, chaque corps porte son insigne : ce n’est pas présomptueux. Dans n’importe quelle condition, l’homme doit se contenter du juste milieu et ne pas rechercher des choses trop basses. Ainsi Augustin (écrit-il) : "Nous devons utiliser des choses qui ne sont ni trop précieuses ni trop méprisables". Et pourquoi? Parce que, par ces deux (comportements), nous pouvons rechercher la gloire. Ainsi est-il dit en Zacharie (13, 4) à propos de ce vêtement méprisable : Ils ne se couvriront plus du manteau de poil, à savoir, pour faire semblant.

            Le quatrième vêtement des brebis du Christ est l’innocence, qui est un vêtement pur et blanc, comme dans Proverbes (31, 25) : Force et beauté sont son vêtement. Ce vêtement, les hypocrites le mettent, sous couvert de piété et de pureté. Ainsi, dans l'Évangile (Matthieu 23, 27) : Malheur à vous, hypocrites, qui êtes semblables à des sépulcres blanchis, c’est-à-dire qu’ils paraissent blancs aux hommes, mais, à l’intérieur, ils sont pleins d’ossements et de morts et de toute pourriture, c’est-à-dire de vol et d’impudicité. Et Chrysostome dit : "Ce qui est honteux en apparence est plus honteux en réalité; ce qui est beau en apparence est plus beau en réalité." Tels sont ceux qui viennent sous des vêtements de brebis.

Il faut noter que certains viennent en vêtements de brebis sans être des brebis, comme ceux qui recherchent le profit temporel et leurs propres honneurs. Ainsi Augustin fait une distinction en disant qu’autre est la personne du voleur, autre celle du loup, autre celle du berger et autre celle du mercenaire ; car le pasteur veille à l’intérêt de ses brebis, le loup et le voleur détruisent les brebis, le mercenaire cherche à tirer son propre profit des brebis. Augustin (écrit) : "Le mercenaire, on doit le supporter; le berger, l’aimer ; le loup, le fuir." C’est ce que dit l’évangile (Matthieu 7, 15) : Ils viennent à vous sous l’apparence des brebis, mais à l’intérieur, ce sont des loups rapaces.

Traduit par Marie-Louise Evrard, 2004
Édition numérique http://docteurangelique.free.fr
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